Quel est le bilan de la précarité étudiante en France ?

Quel est le constat réalisé ?

 

Quels sont les chiffres (évolution) ?

  • Pour cette rentrée 2023, 56 % des étudiants rencontrent des difficultés financières au point de réduire leur alimentation.
  • 12 % ont des factures impayées ou des retards de paiement.
  • Le coût de la vie étudiante augmente de 6,47 %, selon le syndicat UNEF (Union nationale des étudiants de France), ce qui représente un budget supplémentaire de 594,76 € pour l’année (49,56€ de plus par mois).
  • Selon une enquête Linkee réalisée sur 5115 étudiants, 76% des étudiants interrogés ont un « reste à vivre » de moins de 100 euros par mois, soit l’équivalent de 3,33 €/jour, une fois leurs factures payées
  • La hausse des prix à la consommation a aussi progressé de 4,5 %
  • Environ 750 000 étudiants bénéficient des bourses sur critères sociaux

 

Quelles sont les raisons de cette explosion ?

 

Quels sont les frais ajoutés (formation, vie étudiante) ?

Il s’agit des coûts liés à la rentrée étudiante tels que l’inscription, la mutuelle étudiante, l’assurance logement, les frais d’agence.

En 2023, l’UNEF a observé une hausse du coût de la vie de 6,5% pour les étudiants par rapport à l’année dernière.

En Lorraine par exemple, le coût moyen de la rentrée étudiante est de :

  • 2.421,97 € pour les étudiants en cursus LMD (Licence – Master – Doctorat)
  • 2.506,14 € pour les étudiants ingénieurs
  • 3.479,97 € pour les étudiants extra-communautaires.

Ces chiffres sont ceux publiés par Fédélor qui calcule le coût de la rentrée des étudiants en Lorraine depuis 2014.

On observe aussi une augmentation de 4,59 % des frais spécifiques de la rentrée cette année 2023/2024. Ces coûts sont d’ailleurs majorés par les dépenses liées aux sorties d’intégration du début d’année.

 

En quoi les frais mensuels fixes ont aggravé la précarité étudiante ?

Le logement

Malgré les aides, le loyer représente toujours le 1er poste de dépenses avec 570,60€/mois par étudiant (contre 561€ en 2022), soit 60% du budget mensuel des étudiants.

Une hausse de 1,7 % en un an qui s’explique notamment par le manque de places en résidences Crous à tarification sociale, qui pousse les jeunes à s’orienter vers le parc privé.

Quelques chiffres :

  • 35 % des étudiants vivent chez leurs parents
    En 2014 en Île de France, 45% des étudiants de 25 ans vivaient encore chez leurs parents, du fait des coûts du loyer trop élevés. 
  • 7 % dans les résidences CROUS
  • Les autres sont dans le parc privé
  • 38 % peinent à payer leur loyer
  • Pour la rentrée 2021, le syndicat étudiant UNEF a estimé le prix moyen du logement à environ 550€ par mois, soit les ⅔ du budget mensuel d’un étudiant.

Le chauffage, L’alimentation, le transport…

La hausse des prix de l’énergie (+10,1 % pour l’électricité, + 22 % pour le gaz) alourdit également les dépenses des jeunes, souvent logés dans des passoires énergétiques, y compris dans le réseau Crous.

Le coût de l’alimentation a quant à lui augmenté de 14,3%. L’association Linkee, qui lutte contre le gaspillage alimentaire, aurait même doublé la distribution de colis de nourriture depuis l’année dernière.

On observe également une forte hausse des frais de transport allant jusqu’à +5,91%, avec des disparités selon les régions. Par exemple, en région parisienne, l’abonnement de transport annuel s’élève à 373 euros contre 315 euros à Lille.

 

Quelles sont les conséquences sur les étudiants ?

 

Quelles sont les conséquences sur leur mode de vie ?

  • Le saut d’un repas : par manque d’argent, 36 % des étudiants sautent régulièrement un repas (étude publiée par l’association Cop1)
  • Alimentation malsaine : beaucoup de pâtes et riz, peu de protéines et légumineuses. Pas toujours de dessert après le repas
  • Impasse sur les loisirs et la vie sociale étudiante : abonnement salle/club de sport, non-participation aux sorties liée à la vie étudiante

 

Quel est l’impact sur la santé mentale des étudiants ?

En 2023, 50% des étudiants présentaient des symptômes d’anxiété et 55% des signes de dépression. La pandémie de Covid-19 a accentué ces problématiques et a bouleversé la vie et les habitudes des étudiants.

Mais le Covid n’est pas la seule cause de l’apparition des troubles psychologiques chez les étudiants. Les autres causes sont en effet la précarité financière, le stress lié aux examens et la pression sociale.

Il semble alors crucial d’aider et d’accompagner encore plus les étudiants sur les plans financier et psychologique, tout en sensibilisant le grand public à cette problématique.

D’autres informations sont d’ailleurs disponibles ici (lien vers un article Apsytude ou autre) si cela vous intéresse.

 

Un étudiant peut-il travailler pour arrondir ses fins de mois ?

La place de l’emploi étudiant dans leur vie est cruciale :

  • 46% des étudiants en université ont choisi d’exercer une activité rémunérée en parallèle de leurs études pour subvenir à leurs besoins.
  • 54% d’entre eux jugent cette activité indispensable
  • 25% estiment qu’elle a un impact négatif sur les résultats scolaires.
  • Selon une étude de l’UNEF, les étudiants salariés subissent un taux d’échec 40% supérieur.

Ces activités rémunérées peuvent devenir concurrentes de l’activité scolaire et universitaire, et encore plus si celle-ci n’a pas de liens avec les études.

Cette activité extrascolaire peut également être une source supplémentaire de fatigue et de stress qui affecte le moral et la santé des étudiants.

 

Quelles sont les aides accessibles aux étudiants ?

 

Quelles sont les aides accordées par les associations ?

Il existe une multitude d’associations qui aident et accompagnent les étudiants face à la précarité. Elles sont de l’ordre de l’alimentation, le logement et le soutien psychologique.

L’association Cop1 propose régulièrement des colis alimentaires mais ceux-ci sont très vite distribués.

L’association de psychologues Apsytude, dont nous sommes partenaires, permet aux étudiants atteints psychologiquement par leur situation de précarité d’avoir accès à une cellule d’écoute et une prise en charge psychologique. Vous pouvez d’ailleurs assister à leur prochaine conférence de sensibilisation que nous avons financée : lien qui redirige vers la page concernée

 

Quelles sont les aides accordées par les commerçants ?

Beaucoup d’enseignes participent à cette lutte contre la précarité étudiante avec des réductions ou services à bas tarifs.

En ce qui concerne l’aide au logement, en plus des traditionnelles APL, il existe la garantie Visale (Visa pour le Logement et l’Emploi). Il s’agit d’une caution locative accordée par Action Logement. Elle garantit le paiement du loyer et des charges locatives à votre propriétaire en cas de défaillance de paiement.

De plus, l’avance Loca-Pass permet un prêt à taux 0 % pour financer le dépôt de garantie.


Pour l’alimentation, Studhelp met en lien des étudiants dans le besoin avec des donateurs financent leurs paniers-repas. Cela peut démarrer par quelques courses par exemple et aller jusqu’à accompagner le jeune pour plus de lien social.
Actuellement 8.500 étudiants et 6.500 donateurs sont inscrits.

 

Quelles sont les actions gouvernementales pour les soutenir ?

Le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation consacre plus de 3,3 milliards d’euros dans les aides sociales pour les étudiants. En 2020, près de 37% des étudiants en formation ouvrant droit à une bourse ont perçu une bourse sur critères sociaux.

Les repas à 1 € existent au sein des Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) depuis la crise sanitaire, en 2020.

Les étudiants en situation de précarité peuvent, désormais, en faire la demande. Pour les autres étudiants, le repas est à 3,30€.

Le problème aujourd’hui est que les boursiers ne sont plus les seuls en situation de précarité et que certains refusent de faire la demande par peur d’être stigmatisés.

Le gouvernement a prévu une revalorisation du montant des bourses étudiantes à hauteur de plus de 500 millions d’euros, permettant notamment à 35 000 nouveaux étudiants de devenir boursiers dès la rentrée et d’en reclasser 140 000 à un échelon supérieur

 

À quel niveau EJM Education Funds peut agir ?

 

Conscient que la précarité étudiante ne cessera pas d’augmenter sous peu, EJM Education Fund souhaite encourager et financer des projets qui ont du sens.

Le fonds représente l’intermédiaire entre les donateurs et projets en recherche de financements. Nous donnons l’impulsion pour non seulement sensibiliser les entreprises et potentiels donateurs sur ces problématiques mais aussi les inciter à agir directement face à la précarité étudiante et aux inégalités.

 

C’est à cette échelle qu’EJM Education Fund souhaite agir, en construisant progressivement un fonds capable de trouver, de contacter et de mettre en relation des financements et des projets qui répondent à ses valeurs.